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lundi 28 mai 2007

Introduction Dernier Chaperon rouge (fin) – Précisions préalables

A propos du genre cinématographique

C’est sur une volonté de mélanger différents genres cinématographiques que Jan Kounen a créé son Dernier Chaperon rouge. Cependant la notion de genre en cinéma a depuis plus d’un siècle soulevé de nombreux questionnements. Qu’est-ce qu’un genre cinématographique ? Existe-t-il des genres bien définis ? Avant de nous aventurer dans une tentative de définition, notons tout d’abord que le genre cinématographique doit avant tout être perçu comme l’un des modes d’ordonnancement possibles du cinéma, commun aux spectateurs et aux créateurs, qui structure en partie notre rapport à cet art. De plus un genre cinématographique ne peut exister que dans la mesure où il est nommé, reconnu et identifié par une communauté.

[La suite se trouve ici]

Les définitions de genres cinématographiques présentes dans ce mémoire ne seront donc pas exclusives et auront principalement une fonction de guides proposant des points de références sémantiques et narratifs sur lesquels élaborer notre analyse. De plus, les genres ne constituant que l’un des nombreux accès possible à une œuvre filmique, notre analyse ne sera en aucun cas exclusivement générique.


Images et corps

Ce mémoire touchant à différents genres cinématographiques (les trois genres énoncés plus haut ainsi que le film de danse et la vidéodanse comme nous le verrons en deuxième partie), différentes disciplines artistiques, nous aborderons différents types d’images, différents types de corps.

Les images que nous traiterons au fil de ce mémoire seront aussi bien filmiques (une surface plane bidimensionnelle simple support de la représentation), plastiques (une représentation tridimensionnelle, composite, d’un monde en profondeur captée par le support filmique), cinématographiques (une restitution mouvante qui existe au delà de son support), conceptuelles (une interprétation commune ou personnelle du contenu de l’image).

La notion de corps également sera multiple. D’un corps matière de chair et de sang, corps médical, territoire privilégié du cinéma gore, nous glisserons vers l’étude des corporéités dansantes et/ou fantasmées qui peuplent ce court métrage.

Ces deux notions d’image et de corps seront détaillées de façon plus poussées dans la deuxième partie du mémoire.


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- PDF contenant le plan du mémoire et l'introduction
- PDF contenant les annexes de l’introduction
- PDF du glossaire


dimanche 15 avril 2007

Introduction Dernier Chaperon rouge (suite) - Les créateurs 2

Carlo de Boutiny – Co-scénariste, auteur des textes et dialogues

Scénariste dans des domaines très variés (allant du court-métrage aux films d’animation pour enfant), ancien assistant réalisateur, fondateur de La Gazette des scénaristes et professeur au conservatoire Européen de scénario, Carlo de Boutiny collabore avec Jan Kounen depuis les débuts du réalisateur. Co-scénariste de tous ses courts métrages et clips musicaux, il a également développé à ses côtés un projet de série télévisée dérivée de Gisèle Kérozène, le scénario d’une BD autour du personnage de Vibroboy et a été l’un des multiples auteurs rattaché au scénario de Blueberry. Pour Le Dernier Chaperon rouge, il s’est attelé, pour la première fois, à l’écriture de textes de chansons. Il est également à l’origine de la rencontre entre Jan Kounen et Philippe Découflé, ayant déjà travaillé avec le chorégraphe lors d’un projet de long métrage qui a été abandonné, Les Chasseurs de courants d’air[1].


Philippe Découflé – Chorégraphe, interprète

[C’est déjà ici..]


Marc Caro – Design et interprétation du Monstre[2]

Dessinateur spécialisé dans la bande dessinée ayant fait ses armes dans le magazine Metal Hurlant[3], pour lequel il était également rédacteur, Marc Caro a approché l’univers du cinéma, et des arts du spectacle en général, par la fonction de « designer ». Il a ainsi collaboré avec de nombreux artistes dont notamment Philippe Découflé pour Tranche de Cake et Novembre (dont il a écrit les musiques avec son groupe Parazite), Trio épouvantable et les J.O. d’Albertville, Régine Chopinot pour la réalisation des vidéo danses Rude Raid et Le Défilé, le groupe Indochine ou encore Jean-Pierre Jeunet. Avec ce dernier il co-réalisera des petits films d’animation, les longs métrages Delicatessen et La Cité des enfants perdus, et dessinera les costumes de Alien, La résurection. Il rencontre Jan Kounen au début des années 90 qui lui propose de réaliser le design du personnage de Vibroboy. Pour Le Dernier Chaperon rouge, il a créé le Monstre de toutes pièces ainsi que ses accessoires - dont l’hypnotron et les armatures des jambes de la Vieille Dame - et a accepté d’en interpréter le rôle. Marc Caro a retrouvé Jan Kounen sur Blueberry en tant que designer.

--------------- Notes ------------------

[1] Liste des œuvres chorégraphiques et filmiques réalisées par Philippe Découflé citées dans le mémoire en Annexe 6.
[2] Voir Annexe 3.2.
[3] Métal Hurlant, Les Humanoïdes associés, 1975-1987


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- PDF contenant le plan du mémoire et le début d'introduction
- PDF contenant les annexes de ce début d'introduction
- PDF du glossaire

dimanche 11 mars 2007

Introduction Dernier Chaperon rouge (suite) - Les créateurs 1

Jan Kounen – Réalisateur, co-scénariste[1]

C’est dans le cadre de sa formation à l’E.P.I.A.R., l’école des arts décoratifs de Nice, que Jan Kounen prend contact avec le médium filmique. Féru de bande dessinée (principalement de Moebius, Corben et Bilal), de dessins animés et de graphisme, il se passionne rapidement pour la composition de cadres[2] à l’esthétisme très fouillé, testant toutes les techniques cinématographiques imaginables. Se revendiquant clairement comme appartenant à ce qu’il appelle la "sous-culture"[3] - comme ses compatriotes éclos avec lui dans les années 90 -, nourri par le cinéma américain des années 70-80, n’hésitant pas à réaliser des clips musicaux et des spots publicitaires à tour de bras, Jan Kounen mélange allègrement toutes ces influences esthétiques et narratives, laissant apparaître peu à peu un style très graphique à la fois nerveux et planant.

Son premier court métrage professionnel, Gisèle Kérozène, réalisé en pixilation[4] et mettant en scène des sorcières travesties gore, remporte le Grand Prix du court métrage au festival du film fantastique d’Avoriaz en 1989. Deux ans plus tard débute l’aventure Vibroboy. Le principe de ce deuxième court-métrage: faire un film trash de série Z en pellicule, en scope[5] et avec des moyens techniques très élaborés, là où généralement les réalisateurs se contentent de tourner en vidéo en un laps de temps réduit. Sur-vitaminé, outrancier au possible, bourré de références au cinéma américain, le film nécessitera près de trois ans de tournage et obtiendra en 1993 le Prix de la recherche au festival de Clermont-Ferrand. Toujours adepte des expérimentations techniques et des films-concepts, le troisième court-métrage de Jan Kounen, Capitaine X, est une succession de plans-séquences en vues subjectives du point de vue d’un prisonnier torturé par des mercenaires dans un univers post-apocalyptique. Le film restera inachevé.

Le Dernier Chaperon rouge, objet de notre étude, quatrième et dernier court métrage écrit et réalisé par Jan Kounen, se place clairement dans la lignée de ses œuvres précédentes. On y retrouve l’idée-concept comme point de départ (faire un film d’horreur qui soit en même temps une comédie musicale et une adaptation de conte), une recherche esthétique très poussée, ainsi qu’une kyrielle de références aussi bien visuelles que narratives comme nous allons le voir au fil de ce mémoire. L’après Chaperon rouge aura vu naître en 1997 le premier long métrage de Jan Kounen, le western urbain déjanté, Dobermann, très controversé à sa sortie pour sa violence jugée trop gratuite, puis en 2004, le western fantastico-chamanique, Blueberry, librement adapté de la BD de Guy Charlier et Jean Giraud-Moebius, qui a également fait couler beaucoup d’encre. Une chose est certaine, Jan Kounen aime provoquer et prendre son public à contre pied, en témoigne ses deux dernières œuvres, les inclassables documentaires Other Worlds et Darshan.

--------------- Notes ------------------

[1] Liste des œuvres filmiques réalisées par Jan Kounen citées dans le mémoire en Annexe 5.
[2] Voir la définition du terme dans le glossaire.
[3] "La BD permet des choses extrêmes parce qu’elle est considérée comme une sous-culture. Tant mieux. Au cinéma, on n’a pas ce droit. Moi, je revendique d’être dans la "sous-culture" : j’ai fait un film qui existe déjà en bande dessinée [NDLR : Vibroboy]. Je lis des truc complètement destroy, de Vuillemin aux mangas… Et je me dis « Pourquoi je ne vois pas ça en film, putain ! » Parce que le cinéma est considéré comme un art noble. C’est un miracle que Dobermann existe.", Jan KOUNEN, Première n° 244 - juillet 1997, Hachette Philipacchi, p. 53.
[4] Voir la définition du terme dans le glossaire.
[5] Voir la définition des termes trash, série Z et scope dans le glossaire.

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- PDF contenant les annexes de ce début d'introduction
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dimanche 4 mars 2007

Introduction


LE DERNIER CHAPERON ROUGE : OBJET D’ETUDE

Court métrage de vingt-cinq minutes réalisé par Jan Kounen en 1996, Le Dernier Chaperon Rouge[1] a été co-écrit par ce dernier avec la collaboration de Carlo De Boutiny qui en signe également l’intégralité des textes parlés et chantés (à l’exception des emprunts faits à Charles Perrault). Partant du questionnement "pourquoi on ne mélange pas tel ou tel genre ? Pourquoi on ne fait pas un film d’horreur qui soit en même temps une comédie musicale et qui soit en même temps écrit à partir d’un conte qu’on va reprendre complètement inversé."[2] , les deux hommes ont adapté librement Le Petit Chaperon rouge[3] de Charles Perrault sous forme de comédie musicale gore[4].


Synopsis[5]

Les jambes coincées dans des armatures de fer, une vieille dame (interprétée par Diana Payne-Myers), habillée de rouge, essaye de danser, en vain. Elle s’assoie par terre et se remémore sa jeunesse. Petit Chaperon (interprétée par Alexandra Gonin), parmi des milliers, sortie d’une fusée venue du centre de la Terre, elle avait pour habitude de danser au milieu de la forêt de Perlimpinpin, jusqu’à-ce qu’un monstre aux allures de taupe (interprété par Marc Caro) l’hypnotise et s’amuse à déchiqueter ses genoux. Reprenant ses esprits sur la table d’opération elle avait tué le Monstre. La voici, de nombreuses années plus tard, installée dans le bunker[6] du Monstre, bien décidée à pouvoir danser de nouveau.

Non loin de là dans la forêt, les animaux, végétaux et minéraux, guidés par un lapin vêtu d’un gilet (interprété par Stéphane Chivot), arrivent à convaincre un loup en costume trois pièce (interprété par Gerald Weingand) de réveiller le dernier Chaperon (interprété par Emmanuelle Béart) qui sommeille dans la fusée. Sortie de sa torpeur, la jeune fille chante sa solitude et son envie d’être deux. Alors que tous l’écoutent et dansent avec elle, un hypnotron[7] guidé par la Vieille Dame fait irruption et hypnotise le Dernier Chaperon ainsi que le Lapin. La Vieille Dame a dans l’intention de se greffer les jambes de la première en utilisant le sang du second. Sous l’emprise de l’hypnose le Dernier Chaperon gambade gaiement dans la forêt, dévorée du regard par le Loup.

Quelques instants plus tard, le Lapin est attaché sur la table d’opération de la Vieille Dame qui débute la transfusion sanguine. Arrive alors le Loup qui, voyant dans le Lapin la silhouette du Dernier Chaperon, décide d’intervenir. Après un tango/lutte, il étrangle la Vieille Dame sans pour autant parvenir à sauver le Lapin. Alors que le Loup se débarrasse des corps, le Dernier Chaperon se présente à la porte du bunker. "Tire la chevillette et la bobinette cherra"[8]. Le Chaperon entre. Le Loup se cache sous la robe de la Vieille Dame. La jeune fille déclare son amour pour le Loup et l’embrasse. Ils entrent alors dans une valse qui se transforme peu à peu en lutte effrayante. Le Loup a de grandes mains, de grands yeux, de grandes dents. Dans une ultime métamorphose il dévore le Chaperon.

--------------- Notes ------------------

[1] Jan KOUNEN, Le Dernier Chaperon rouge, France, 1996, une co-production Noé Productions – La Chauve Souris – France 3, distribué par Universal Pictures Video (France) S.A.
[2] Jan KOUNEN, Commentaire Audio du Dernier Chaperon rouge, Annexe 3.1.
[3] Charles PERRAULT, "Le Petit Chaperon Rouge", in Les contes de ma mère l’Oye - Histoires ou contes du temps passé, 1697. - Cf. Annexe 4.1.
[4] "gore" signifie en anglais "sang répandu, sang coagulé". Nous reviendrons dans la première partie de ce mémoire sur l’utilisation de ce mot pour qualifier un genre cinématographique apparue en 1963 dans une lettre du producteur David F. Friedman présentant à des distributeurs son nouveau film d’horreur, Blood Feast*.
* Références des films cités dans l’introduction en Annexe 7.1.1.
[5] Le synopsis décrit ci-dessous peut être complété par les Annexes 1.1 et 2. (découpage filmique et textes du Dernier Chaperon rouge)
[6] Terme utilisé dans le commentaire audio par Jan Kounen et Carlo de Boutiny pour désigner l’antre du Monstre que se réappropriera par la suite le Chaperon rouge devenue Vieille Dame, Annexe 3.1.
[7] Terme utilisé dans le commentaire audio par Jan Kounen et Carlo de Boutiny pour désigner la machine que le Monstre, puis la Vieille Dame utilisent pour hypnotiser leurs victimes, Annexe 3.1.
[8] Formulette empruntée à Charles PERRAULT, Op. Cit.

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- PDF contenant le plan du mémoire et de ce début d'introduction
- PDF contenant les annexes de ce début d'introduction
- PDF du glossaire

A la poursuite du Dernier Chaperon rouge

En 2002 je débutais mon long parcours d’études en Arts du spectacle chorégraphique à l’Université Paris 8 à Saint Denis. Deux ans plus tard après avoir tranquillement pataugé en licence je me lançais dans l’écriture laborieuse d’un mémoire que je n’ai toujours pas fini. Mon sujet : les images du corps et de la danse dans Le Dernier Chaperon rouge de Jan Kounen.

Le Dernier Chaperon rouge est, entre autres, un court-métrage musical gore chorégraphié par Philippe Decouflé. Une œuvre filmique mettant en scène de la danse qu’il me fallait donc aborder dans le cadre de mon cycle du mois de mars 07 sur le chorégraphe-réalisateur. Que faire? Me contenter d’un post de 2-3 petits paragraphes et de quelques captures d’écran alors que j’ai deux ans de recherches sur le sujet?

J’ai opté pour l’option full disclosure en me servant de ce blog consacré à la danse au cinéma comme d’un journal de bord sur l’évolution de ce mémoire laissé en suspens en juin 2006. Je me suis dit que ce serait une bonne motivation pour relancer l’écrite, faire une relecture de ce qui existe déjà, régler certains détails qui ne l’ont jamais été. Et puis c’est surtout un moyen pour que mon travail n’ait pas servi à rien.

Etat des lieux. L’introduction et la première partie sont déjà terminées, il ne reste que 2-3 petits détails que j’espère régler grâce à ce blog. La deuxième partie est en route, le glossaire et les annexes évoluent en même temps. Je mettrait donc ici, petits bouts par petits bouts sous forme de posts et de PDF plus complets, ce qui est déjà finalisé ou presque. Sur ces PDF ce qui apparaît en orange correspond à ce qui est en court d’écriture, non définitif ou qui nécessite encore quelques recherches.

N’hésitez pas à me faire part de vos remarques (si vous en avez), qu’elles soient positives ou négatives, sur le fond ou sur la forme. C’est un work in progress tous les commentaires sont donc bons à prendre…

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