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jeudi 29 mai 2008

Vidéodanse, tentative de définition

Plus encore que pour n’importe quel genre cinématographique, essayer de définir le genre "videodanse" est un réel défi.

En 2002 à l’occasion de la sortie de Salomé j’écrivais sur FilmDeCulte:

Le terme de vidéodanse regroupe d'une manière stricte toutes les œuvres dansées de fiction, destinées à être filmées pour la vidéo ou dans certains cas le cinéma.


Oui mais encore? Outre le fait que ce soit mal écrit et confus, ça ne nous apporte pas grand-chose.

Sur le blog cousin de celui-ci, Nicolas qui a un poil plus de recul sur la question que moi propose une définition que je trouve ma foi assez explicite et intéressante:

C’est un courant artistique pas très connu, mais pas vraiment compliqué à comprendre. C’est l’association de la danse et de la vidéo. Qui peut-être tournée avec de la pellicule d’ailleurs, mais ce n’est pas là le problème.

Donc, c’est pas vraiment un clip (même si pas mal de clips sont des vidéodanses déguisées) c’est pas vraiment non plus une captation d’une chorégraphie. C’est un clip où l’élément central ce n’est plus la musique mais la chorégraphie. Voyez ? La définition est on ne peut plus claire.


Quand on regarde l’historique du genre, son émergence (du moins l’émergence de son nom, puisqu’il existe des vidéodanses depuis les débuts du cinéma) dans les années 80, on se rend compte que c’est exactement ça. Comme les clips, les vidéodanses sont à la base des outils de promotion.

Dans les années 80, la plupart des danseurs et chorégraphes travaillaient avec la vidéo comme moyen d'archivage mais également comme médium pour transmettre une chorégraphie aux programmateurs de théâtres et de festivals afin d'éviter de se déplacer. Mais réalisant vite que le manque de profondeur de champ et la fixité des captations frontales de spectacles sur scène ou en studio nuisent à la mise en valeur de leurs pièces, l’approche du médium par les chorégraphes s’est peu à peu modifiée. Tout d’abord au niveau du cadrage, du montage puis de l’écriture chorégraphique en elle-même. Diriger l’œil du spectateur afin que la danse soit appréciée à sa juste valeur de la même manière que dans une comédie musicale et non observée de loin, coincée dans les limites d’un cadre fixe. Les chorégraphes se sont donc mis à créer des œuvres à part entière, indépendantes, spécialement conçues pour l'image, dépassant le simple aspect d’outil de promotion. C’est ainsi qu’est né le terme de vidéodanse.

Bref pour résumer, une vidéodanse est une œuvre filmique dont l’élément principal est la danse, le mouvement.

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Pour rebondir sur la demande de Caro dans son questionnaire je vais essayer coller à ce thème de la vidéodanse au cours des 2 semaines à venir.

En attendant vous pouvez toujours vous reporter à la section vidéodanses de ce blog.

dimanche 15 avril 2007

[Définition] Comédie musicale: les codes spécifiques au genre

"Comédie musicale" est un terme assez vaste qui prête souvent à confusion. Si la tendance actuelle est d’utiliser cette terminologie pour définir tout film ou spectacle comportant des scènes musicales, ce genre est en réalité bien plus codé.

La première grande caractéristique de la comédie musicale se trouve dans son montage bien particulier d’alternance entre scènes dialoguées et instants musicaux (qu’ils soient chantés et/ou dansés). Ainsi, ne sont pas considérés comme appartenant à la comédie musicale les films chantés de bout en bout (Les Parapluies de Cherbourg, Evita) ou ne contenant qu’un ou deux morceaux musicaux (Alison Forever, Beetlejuice), même si ces séquences utilisent d’autres éléments caractéristiques du genre. Une comédie musicale joue sans cesse sur le rapport entre les différentes parcelles qui la composent, développant un réel art de la transition. L’élément servant de liant entre musical et non-musical prend généralement deux formes. S’il se base régulièrement sur un prétexte scénaristique - une représentation scénique (la plupart des séquences musicales de Cabaret, Hindi Sad Diamonds dans Moulin Rouge!), une façon de réconforter un ami (Make Them Laugh dans Chantons sous la pluie), la reprise en cœur d’une chanson populaire (Meet Me in Saint Louis dans Le Chant du Missouri), une fête (les mariages de De-Lovely ou Brigadoon, le bal de Noël de Tout le monde dit I love you), etc. – il est souvent bien plus subtil et travaillé. Ne cherchant pas à justifier la présence d’une scène musicale, il laisse les mouvements et la musique parler d’eux-mêmes. On retiendra par exemple la démarche déambulatoire de Fred Astaire et Cyd Charisse qui, au son d’un orchestre lointain jouant dans le Park, se transforme peu à peu en pas de deux romantique lors du Dancing in the Dark de Tous en scène.

De ce premier code de l’alternance, et donc du travail de la transition, découle le second élément caractéristique du genre: un rapport d’interdépendance entre les mouvements des personnages et leur environnement sonore. Contrairement aux scènes dialoguées dans lesquelles son et musique servent d’habillement, ou sont le résultat d’actions produites par les personnages, dans les scènes de comédie musicale, les éléments sonores prennent quelques instants les commandes, comme s'ils dirigeaient désormais les mouvements et les paroles des protagonistes. La musique, créatrice de l’action, naît des bruits de la vie courante (un coup de tonnerre déclenche la mélodie du pas de deux Lovely Day entre Ginger et Fred dans Le Danseur du dessus, les bruits de machinerie emportent Selma dans ses rêveries dans Dancer in the Dark), des paroles ou des sons émis par les acteurs (la répétition des phrases de l’orthophoniste donne la cadence de Moses Supposes dans Chantons sous la pluie, les onomatopées des détenues du muderer’s row rythment le Cellblock Tango de Chicago), les emportant dans des séquences remarquables de danse et/ou de chant. L’une des meilleures représentations de cette interaction son/mouvement reste certainement l’utilisation des claquettes: les pas produisent la rythmique musicale sur laquelle l’acteur danse, créant un cercle infini, proche parent de la poule et de son œuf. Ne jouant pas sur cette notion d’interaction, les adaptations d’opéras et leurs dérivés (Carmen, Madame Butterfly), ainsi que les films mettant en scène des chanteurs ou des danseurs (Walk the Line, Flashdance), ne sont pas considérés comme des comédies musicales.

Les scènes musicales qui résultent de cette alternance et laissent régulièrement à la musique le soin de diriger les mouvements, deviennent éléments moteurs indispensables, pivots autour desquels se nouent les intrigues, vertèbres s’emboîtant pour construire la colonne du film. Si la première séquence musicale du film est généralement celle qui en fixe l’enjeu (de Dorothy qui chante une contrée imaginaire au-delà de l’arc-en-ciel avant de se retrouver au pays d’Oz, aux parents d’élèves qui tremblent de frayeur devant les méfaits de la marijuana présentés par un film de propagande dans Reefer Madness), les suivantes servent à en coudre la trame. Certains diront que cette mise en scène récurrente de chorégraphies millimétrées et tours de chant parfaits, sortis d’on ne sait où et souvent interprétés en nombre comme par magie, touche à de la pure invraisemblance. Pourtant c’est bien du réel dont s’inspirent ces séquences; elles laissent transparaître à l’écran les émotions des personnages, leurs envies, leurs états d’âme. La comédie musicale a cette particularité de révéler au public, par le biais de cette conjonction artistique aux apparences irréelles, ce qui d’habitude reste caché ou nécessite de longs dialogues/monologues, des explications lourdes de sens, des lettres laissées au coin d’une table, ou une voix-off parfois maladroite. Danse et chant deviennent alors à la fois des catalyseurs de sentiments destinés à renseigner le spectateur et faire avancer l’intrigue, mais également des outils cathartiques intradiégétiques, défouloirs physiques et spirituels pour des personnages qui ne nient jamais avoir entonné quelques notes ou esquissé des pas de danse.


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Ce texte est extrait du dossier réalisé pour FilmDeCulte sur la comédie musicale hollywoodienne.





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A propos de la notion de genre cinématographique

Posons le d’emblée, il n’existe pas de définition générale récursive d’un genre cinématographique[1] à proprement parler. Un genre cinématographique est une catégorie empirique qui sert à nommer, classer, distinguer des œuvres filmiques contenant à la fois un même ensemble d’éléments sémantiques et une structure narrative commune dans laquelle ces éléments s’insèrent. Cependant, il ne faut pas considérer un genre comme une boîte étanche dans laquelle on rangerait un groupe de films. Les genres ne sont pas fixes, ils ne cessent d’évoluer, de s’éteindre, de ressusciter, non seulement à chaque nouveau film produit, à chaque nouveau genre mis en place, mais également en fonction du contexte socio-économique et spatio-temporel. Les limites entre les différentes catégories génériques et leurs degrés de précision sont donc très variables. De même, il ne faut pas considérer les genres comme des structures textuelles, des modèles d’écritures prédéfinis auxquels se conformeraient les réalisateurs et producteurs pour créer leurs films. De par sa dialectique de standardisation (répétition de traits caractéristiques) / innovation (variation de et autour de ces traits), le genre cinématographique s’apparente à une formule communicative qui permet aux créateurs de fournir aux spectateurs un contexte d’interprétation du film à la fois structuré et ouvert. Le genre organise ainsi chez le spectateur des attentes basées sur sa connaissance générique, qui seront mises à l’épreuve lors de la vision du film.

Comme je l’ai déjà souligné dans mon introduction à cette section, les définitions de genres cinématographiques que j’essaye de mettre en avant ici ne sont donc en aucun cas exclusives.


--------------- Notes ------------------

[1] Ce paragraphe sur le genre cinématographique se base sur la lecture de l’ouvrage Les Genres du cinéma, Raphaëlle MOINE, Nathan Cinéma, Lassay-les-Châteaux, 2002.

vendredi 2 mars 2007

Films avec de la danse

Il s'agit certainement de la catégorie la plus large et la plus variée de toutes celles que je vais essayer de définir ici.

Je "range" dedans tous les films de fiction qui ne sont pas des comédies musicales ou des films de danse mais qui contiennent au moins une scène de danse quelle qu’elle soit. Cette scène peut être un spectacle, un bal, un cours de danse, quelqu’un qui se met à faire 2-3 pas de danse pour le plaisir, un combat très chorégraphié… On peut donc trouver dans cette catégorie des films allant de Parle avec elle à Tango & Cash en passant par La Boom ou Zatoïchi.

Accédez à la section Films avec de la danse

Films de danse

Il s’agit bien sûr ici d’une appellation et d’une définition générique tout à fait personnelle.

Ce que je nomme Films de danse, sont des films de fiction dont l’intrigue se construit autour de l’univers de la danse. Ce sont des danseurs, leurs façons de vivre, de répéter, de monter sur scène… bref une sorte d’étude ou d’exposé du statut de danseur qui est montré dans ces films.

Je ne considère donc pas des œuvres telles Parle avec elle ou Dancer upstairs, qui mettent certes en scène des danseuses mais dont l’intrigue porte sur un autre aspect que la danse en elle-même (pour faire vite, la relation avec une personne dans le coma pour le premier, une révolution armée dans un pays d’Amérique latine pour le second), comme des films de danse mais plutôt comme des films AVEC de la danse.

Accédez à la section Films de danse

dimanche 25 février 2007

Danse au cinéma

J’ai choisi ce terme un peu par défaut… J’en trouverai peut-être un meilleur, plus tard… ou peut-être tout simplement je m’y habituerai.

Tout d’abord, je voulais quelque chose qui souligne ma volonté de parler de danse filmée et non de danse ou spectacles qui utilisent le medium filmique. Non pas que je juge cette dernière "catégorie" inintéressante - je parlerai sûrement de certains spectacles de la sorte sur ces pages, après tout l’un de mes spectacles préférés est bien Shazam!, hommage au cinéma par Philippe Decouflé – mais plus à cause de son côté bien trop prolifique… Le terme danse et cinéma était donc hors course.

Pourquoi pas danse filmée alors, me direz-vous. J’y ai pensé bien sûr, mais ce terme inclue également les captations de spectacles, brutes toutes bêtes réalisées pour archives ou pour que la mamie qui n’a pas pu se déplacer puisse voir sa petite fille danser ; ou encore les captations de répétitions, outils de travail dont on use et abuse plus la date de représentation approche… Une fois de plus ce n’est pas le manque d’intérêt ici qui coince, mais la profusion de ce type d’objets filmiques. Vous êtes donc avertis je ne parlerais jamais de captations de spectacles ou de répétitions pures.

Danse pour la caméra? Bof. L’expression est moche (et sonne un peu comme du langage pornographique) et rencontre les mêmes inconvénients que les deux précédentes.

Me voilà donc avec le terme danse au cinéma sur les bras. Il faut bien sûr prendre ici le mot cinéma au sens large, je dirai même au sens étymologique (écriture du mouvement par le médium filmique). Il ne s’agira donc pas seulement de parler des productions qui atterrissent dans les salles obscures, mais bien de créations filmiques qui mettent en scène de la danse qui aura été interprétée dans le but d’être filmée.

Vous trouverez donc sur ces pages des textes sur des œuvres filmiques appartenant aux "genres" (terme une fois de plus à prendre avec des pincettes) suivants:
- films de danse
- films avec de la danse
- comédies musicales
- documentaires
- vidéodanse
- clips musicaux
- séries télé
- publicités
- interfaces multimedia

NB: Je reviendrais dans cette section Définitions et autres concepts sur les différents termes génériques utilisés dans ce post ainsi que sur la notion de genre cinématographique.

Définitions et autres concepts

Cette section n’aura pas pour but de donner des définitions strictes, pures et dures, exhaustives, ni de mettre les choses dans des boites étanches. Je parle sur ce blog de deux arts du mouvement, rien ne sera donc figé, du moins je l’espère. Il s’agira plutôt ici d’essayer d’expliquer ce que j’entends par certains termes ou appellations, de faire état de certaines historiques, évolutions, bref… il s’agira de parler de façon plus conceptuelle de ce que j’appelle - à défaut d’un autre terme plus approprié - la danse au cinéma

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