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vendredi 24 décembre 2010

[Doc] La danse, Le Ballet de l’Opéra de Paris (Frederick Wiseman – 2009)

France / USA, 2009

Catégorie: Documentaire
Réalisation: Frederick Wiseman
Chorégraphie: Pierre Lacotte, Rudolf Noureev, Angelin Preljocaj, Sasha Waltz, Mats Ek, Wayne McGregor
Avec: Les danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris, Brigitte Lefèvre, Laurent Hilaire, Angelin Preljocaj, Wayne McGregor, Pierre Lacotte, Ghislaine Thesmar

En fin d’année 2007 Frederick Wiseman pose sa caméra pendant trois mois au cœur du Ballet de l’Opéra de Paris…

Grâce au succès qu’il a rencontré lors du festival international du cinéma qui tourne entre Auckland et Wellington tous les printemps (septembre dernier donc), La Danse, Le Ballet de l’Opéra de Paris est ENFIN sorti, certes dans un nombre limité de copies, dans les salles kiwis. J’ai donc pris un grand plaisir à le revoir, à noter certains détails que je n’avais pas vu la première fois. J’ai mieux apprécié sa structure, sa longueur. Bref disons le tout de suite c’est un film qui prend encore plus d’ampleur lors de la seconde vision, alors n’hésitez pas à vous jeter sur le DVD.

Mais revenons en arrière, puisque pour des raisons de programmation donc et d’emploi du temps bien chargé je n’avais pas eu le temps d’aborder le film ici. Et j’ai tellement de choses à dire, qu’en fait il faudrait presque que je fasse un billet par idée… Allons-y!


De par son sujet finalement très vaste, son absence de réel fil directeur et sa forme très brute, La Danse est un documentaire différent de ceux qu’on l’on a pu voir jusqu’à présent. Je parlerai même plutôt de film-document que de documentaire.
Il n’est pas là pour nous instruire, ou nous montrer uniquement la belle danse, qu’il filme admirablement, il est là pour témoigner de ce qui permet à cette belle danse d’exister, nous la faire vivre de l’intérieur. Il nous montre le canevas, tout ce qui s’entrelace pour arriver au résultat final, proche de la perfection.
On y voit les danseurs au plus près, en cours, en échauffement, en répétitions et sur scène, évidemment. On y découvre des bouts de coulisses, de costumes, d’éclairages… Normal. Mais aussi et surtout on y suit Brigitte Lefèvre prendre les décisions nécessaires au fonctionnement de cette institution de la danse. On y entend les répétiteurs, maître de ballet et chorégraphes donner des indications aux danseurs, essayer de leur fournir les nuances nécessaires ou encore débattre sur des détails techniques et stylistiques (Ce qui donne droit à certainement le moment le plus hilarants du film au cours du quel Pierre Lacotte et Ghislaine Thesmar se disputent très cordialement quant à l’utilisation du plié avant les sauts. Moment d’anthologie s’il en est.).
En ce sens là ce film-document m’a un peu fait penser à ce qu’avait déjà fait Neve Campbell avec son Company. Mais ici en plus brut de décoffrage, en moins romancé puisqu’il ne s’agit plus d’une fiction, en plus "vrai" on va dire. La caméra ne quitte jamais les murs de l’Opéra (dans ses deux lieux Garnier et Bastille), n’essaye pas de s’attacher à l’un ou à l’autre, laisse de côté les habituelles interviews ou un éventuel côté didactique, et se pose en simple spectateur nous montrant la vie qui habite ces deux bâtiments, tous les métiers qui s’y entrecroisent.


Je trouve très intéressant d’ailleurs le côté détaché de la caméra et cette façon de ne jamais vouloir nous faire savoir qui est qui. C’est à nous de deviner, de comprendre comment tout fonctionne, de s’attacher aux détails, de voir ce qui nous plait.

On peut peut-être reprocher à La danse sa longueur, son côté quasi interminable. Mais au final, et surtout après la deuxième vision, je dois dire que je trouve cette durée assez pertinente et ce pour deux-trois raisons.
Tout d’abord car, comme dit plus haut, ce document est là pour nous montrer les rouages et, c’est un fait, la danse, qui plus est dans une telle institution, se travaille sur la longueur. Quand Brigitte Lefèvre explique qu’un programme se fixe trois ans à l’avance et qu’il y a toute une hiérarchie à respecter, je trouve que c’est assez évocateur.


D’ailleurs la notion de temps, de durée, est très présente au cœur de cette œuvre. Le temps de préparation, de travail, de répétition donc, mais aussi en total opposé, la durée de la carrière du danseur dont l’âge butoir est 42 ans (évoquée principalement lors de la discussion sur la réforme des retraites).
Ensuite parce que le sujet est vaste est touffu. Six ballets différents pour trois mois de tournage. J’avoue que j’ai beaucoup apprécié avoir le temps de regarder les détails des répétitions, et voir le résultat sur scène montré parfois dans son intégralité. Et puis le montage est tellement bien fait que j’ai trouvé que le tout coulait sans problème. Peut-être que je suis trop habituée à sauter du coq à l’âne entre mes différents cours, mes différents spectacles, mais tout m’a paru limpide, tout m’a semblé s’articuler, faire sens. A part peut-être les 10-15 dernières minutes un poil redondantes qui suivent les dernières images sur les sous-sols de Garnier.

Mais je crois que ce qui me plait par-dessus tout dans l’approche de ce film-document, c’est cette façon qu’il a de souligner les petits détails et de nous montrer ainsi qu’en danse, rien n’est acquis. Qu’il n’y a pas un point que l’on vise et qu’une fois ce point atteint on peut se rouler les pouces. Que malgré des années de travail au plus haut niveau, même quand on est danseur étoile de l’Opéra de Paris, on doit faire attention à son en dehors, à la réception de ses pirouettes, à la façon dont on descend de son arabesque, etc.
Il y a un travail constant, une demande perpétuelle de correction de détails que je trouve passionnante. Cette idée n’est certes pas nouvelle, mais dans le contexte de ce documentaire je trouve que c’est assez rafraichissant au final. Ca permet de mettre les choses en perspective en quelque sorte.
Et je dois bien l’avouer ça me donne un bon exemple pour quand mes élèves me disent d’un seul coup "Mais c’est compliqué la danse en fait" ou encore "Mais pourquoi on fait des exercices techniques ?"… Parce que oui j’ai encore des élèves qui viennent en cours et sont persuadés qu’après seulement 1h ils seront au niveau de Sylvie Guillem… J’exagère, mais on n’en est pas loin.


Note:note sur 6



La danse dans le film

Six ballets sont donc travaillés et/ou représentés par la compagnie au cours du film (l’impression d’en oublier un ceci dit, je me rattraperai avac le DVD): deux œuvres du répertoire classique Paquita et Casse Noisette, trois commandes à des chorégraphes contemporains Romeo et Juliette de Sasha Waltz, Genus de Wayne McGregor et Le Songe de Médée d’Angelin Preljocaj (œuvre rentrée au répertoire d’Opéra en 2004) et enfin The house of Bernarda de Mats Ek (œuvre datant de 1978).

Je ne pourrais pas vous parler globalement de ces œuvres, j’ai eu un regard très différent à chaque fois suivant les styles et les chorégraphes.

Pour les deux œuvres classiques, j’ai adoré voir la technique de près, le travail sur le détail donc (comment faire descendre la jambe pendant le tour depuis le retiré), la puissance dans l’exécution (les 10000 fouétés de Marie-Agnès Gillot, la minuscule séquence de Nicolas Le Riche), bref, la qualité du travail, tout simplement.

Pour les œuvres contemporaines ça a été du cas par cas. J’ai beaucoup aimé la douceur et l’esthétique du Romeo et Juliette, et puis le coup de pied d’Aurélie Dupont qui s’enroule sur le bord du balcon. J’ai presque trouvé supportable le Mats Ek, peut-être grâce aux danseurs, je ne sais pas. Mats et moi c’est une histoire qui n’a jamais vraiment roulée, je reconnais son style à des kilomètre et à chaque fois ça me donne presque des boutons. Là en petite dose, c’est presque passé.


Le Médée de Preljocaj, c’est une autre histoire encore puisque je l’ai vu sur scène lors de sa création pour l’Opéra en 2004. J’étais plantée au deuxième rang de Garnier et je me le suis pris en pleine poire c’est le cas de la dire. Je suis toujours mitigée sur Angelin, il y a des œuvres que j’adore et d’autres que je déteste. Ce Médée fait partie de la première catégorie.
J’ai gardé le meilleur pour la fin, Genus de McGregor, qui a fait vibrer mes entrailles de danseuses contemporaine biscornue. Les moments de travail dans le studio autour du pas de deux étaient tout simplement grandioses. L’engagement des danseurs, leur respiration, leurs contorsions et cette sorte d’abandon dans certains mouvements, c’était parfait. Je regrette juste de ne pas avoir vu le résultat de ce passage exact sur scène.




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lundi 31 mai 2010

[Film] Mao’s Last Dancer (Bruce Bresford – 2009)

Australie, 2009

Catégorie: Film de danse
Réalisation: Bruce Bresford
Chorégraphie: Graeme Murphy & Janet Vernon
Avec: Chi Cao, Bruce Greenwood, Amanda Schull, Madeleine Eastoe, Camilla Vergotis, Kyle MacLachlan, Chengwu Guo, Wen Bin Huang.


Adapté de la biographie éponyme de Li Cunxin. L’épopée de ce jeune danseur chinois, qui après avoir intégré la Benjin Dance Academy à 11, a poursuivi sa carrière aux Etats Unis au sein du Ballet de Huston au début des années 80 grâce à une bourse d’échange. On y voit sa formation, ses coups d’éclats scéniques, ses rencontres, ses démêlés avec l’immigration et le scandale que son passage à l’Ouest a provoqué au sein du consulat Chinois de Huston.

Si Mao’s Last Dancer n’est pas un grand film, il possède trois atouts non négligeables. Tout d’abord son scénario, adapté de l’autobiographie éponyme de Li Cunxin, se montre plus consistant qu’à l’habitude se rapprochant ainsi plus d’un Billy Elliot, avec un fond de contexte social. Autre élément qui découle de ce premier et qui le différencie des films de danse actuellement à la mode, il se focalise sur la danse classique pure. Ici pas de ballerines qui essaye de faire du hip-hop, mais bien un danseur principale de ballet à la technique irréprochable. Et c’est la que ce situe le troisième atout du film australien, la qualité de la danse présentée. Issues principalement du répertoire classique, les chorégraphies que danse Li sont remarquables et exécutées avec brio par une poignée de danseurs de renoms. Pour une fois on vibre avec le public du Miller Theatre de Huston, on est réellement émerveillé face à la perfection de la danse de Li.


A côté de ceci on peu regretter parfois un jeu un peu limite de la part de Chi Cao qui est meilleur danseur qu’acteur, ainsi que d’Amanda Schull qui est un poil ennuyeuse. Mais ce ne sont que des détails dans un film au final plutôt bien dosé et qui nous en met plein la vue avec ses séquences dansées.

Note:
note sur 6




La danse dans le film

On peut dénombrer 7 représentations dans le film ainsi que bon nombre de scènes de répétition et de formation.


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Recrutement des élèves pour la Beijing Dance Academy
Pas une audition de danse, mais une série d’exercices de gymnastique et de souplesse pour recruter les enfants avec les meilleures aptitudes physiques pour la danse.







Un recrutement qui raisonnera un peu plus loin dans le film lors que Ben Stevenson en visite en China dira qu’il considère les élèves formés à la Beijing Dance Academy plus comme des athlètes que des danseurs.


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Formation à la Beijing Dance Academy
Cette formation de sept ans occupe le premier tiers du film et suit Li pendant toute son adolescence à l’Académie. Le film étant monté en flashback jusqu’au moment pivot où Li arrive à Huston, les scènes d’apprentissages se succèdent entrecoupés de moments de la vie de Li en Chine et au Texas.
On le voit à 11 ans apprendre les bases de la danse classique et la souplesse. Puis un peu plus âgé être initié au pas de deux et se lier d’amitié avec un de ses professeurs qui deviendra son mentor et lui fera réellement aimer la danse classique. Pour nous mener jusqu’à ses 18 ans et sa rencontre avec le Huston Ballet.























Des scènes qui se montrent fort intéressantes avec un petit aspect documentaire à la clé et très agréable à regarder, surtout celle sur l’apprentissage du pas de deux.


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Les deux représentations devant Madame Mao
Deux représentations qui interviennent au cours de la formation de Li, l’Académie faisant partie de la politique culturelle de Madame Mao. Dans le récit la première représentation est jugée pas assez patriotique par Madame Mao qui demande qu’elle soit révisée avec un fond de propagande.

















Je trouve assez intéressant ici que la première séquence soit filmée presque exclusivement de loin, comme si on était détaché du sujet, avec une chorégraphie très basique et des costumes aux couleurs insipides. Le tout diamétralement opposé à la deuxième représentation qui se veut révolutionnaire avec une technique classique plus moderne, des costumes plus évocateurs et tape à l’œil et quelques jolis gros plans.


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Première rencontre avec le ballet de Huston
Cette rencontre se fait donc en Chine et se compose de deux parties. La première est une sorte de cours au cours duquel Ben Stevenson apprend à connaître les danseurs de l’Académie. C’est à la suite de cette première moitié qu’il parlera d’athlète plus que de danseurs, sauf pour Li.







La deuxième partie nous montre Li apprendre un pas deux avec Mary, la danseuse principale du Huston Ballet, puis le danser sur la scène du théâtre de l’Académie.








J’aime beaucoup ce pas de deux, j’aime son écriture et sa légèreté, et j’ai un peu regretté qu’il soit régulièrement entrecoupé d’images des danseurs chinois et américain visitant la grande muraille.


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Rencontre avec Liz
Une petite scène sympathique qui ne comporte pas beaucoup de danse (ou pas du tout en fait car Amanda Schull ne fait ici qu’il piquet arabesque à la barre) mais qui m’a faite sourire en tant que fan de Center Stage. Dans ce dernier on reproche toujours à Jodie de ne pas avoir un assez fort coup de pied et d’avoir un mauvais en dehors, et c’est exactement ce que Li va lui dire lorsqu’il la rencontre, qu’elle doit travailler sur l’extension de son pied et son en dehors. Je ne sais pas si c’est un clin d’œil, une simple coïncidence ou le fait que ce soit un problème technique chez l’actrice, mais ça me plait ce genre de détails.







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Les représentations avec le Huston Ballet

Don Quixote
Il s’agit de la toute première représentation de Li pour le Huston Ballet. Alors qu’il n’était qu’élève, il se retrouve propulsé danseur principal à la suite de la blessure du premier danseur de la compagnie. Il interprète ici des extraits de la version de Marius Petipa.















J’aime beaucoup cette version de Don Quixote et je la trouve ici parfaitement interprétée par Chi Cao.


Le Lac des cygnes
On nous montre deux extraits du Lac avec dans le rôle du cygne deux danseuses différentes. Tout d’abord la suite en blanc avec Lori puis le pas de deux du cygne noir avec Mary.














J’ai été un peu déçue par ces deux prestations filmées de trop loin à mon goût, et un peu trop radicale dans leur façon de montrer d’un côté un moment joyeux dans la carrière de Li puis sa rupture avec Liz.


Solo
Un solo à l’inspiration asiatique sur une sonate pour piano de Mozart. J’ai beaucoup aimé l’écriture et la présence scénique de Chi Cao à ce moment là.






Le Sacre du printemps












C’est toujours particulier les versions du Sacre du printemps, toujours très moderne, quelque que soit l’époque. Je ne suis pas très fan de cette version, surtout de son début. La suite permet de montrer une bien belle technique ceci dit, et rien que pour ça, ça vaut le détour.


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Dans le village de Li
Lorsqu’il rentre enfin en Chine avec sa femme Mary pour visiter sa famille, tous les deux se livrent à un pas de deux improvisé devant les fermiers médusés. Une scène très jolie qui reste assez simple au final.









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En plus…
Outre toutes ces représentations et la formation de Li, on a droit ici et là à quelques instants de cours et répétitions dans les studios du Huston Ballet.







Egalement à deux reprises dans le film, Li sort en boite avec ses amis danseurs et nous avons ainsi droit à quelques instants de dandinage disco.




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Si vous voulez en savoir plus sur le film je vous invite à visiter la chaine YouTube qui lui est consacré avec des extraits et interviews.

Prochaine étape, le livre!





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