Introduction Dernier Chaperon rouge (suite) - Les créateurs 1
Jan Kounen – Réalisateur, co-scénariste[1]
C’est dans le cadre de sa formation à l’E.P.I.A.R., l’école des arts décoratifs de Nice, que Jan Kounen prend contact avec le médium filmique. Féru de bande dessinée (principalement de Moebius, Corben et Bilal), de dessins animés et de graphisme, il se passionne rapidement pour la composition de cadres[2] à l’esthétisme très fouillé, testant toutes les techniques cinématographiques imaginables. Se revendiquant clairement comme appartenant à ce qu’il appelle la "sous-culture"[3] - comme ses compatriotes éclos avec lui dans les années 90 -, nourri par le cinéma américain des années 70-80, n’hésitant pas à réaliser des clips musicaux et des spots publicitaires à tour de bras, Jan Kounen mélange allègrement toutes ces influences esthétiques et narratives, laissant apparaître peu à peu un style très graphique à la fois nerveux et planant.
Son premier court métrage professionnel, Gisèle Kérozène, réalisé en pixilation[4] et mettant en scène des sorcières travesties gore, remporte le Grand Prix du court métrage au festival du film fantastique d’Avoriaz en 1989. Deux ans plus tard débute l’aventure Vibroboy. Le principe de ce deuxième court-métrage: faire un film trash de série Z en pellicule, en scope[5] et avec des moyens techniques très élaborés, là où généralement les réalisateurs se contentent de tourner en vidéo en un laps de temps réduit. Sur-vitaminé, outrancier au possible, bourré de références au cinéma américain, le film nécessitera près de trois ans de tournage et obtiendra en 1993 le Prix de la recherche au festival de Clermont-Ferrand. Toujours adepte des expérimentations techniques et des films-concepts, le troisième court-métrage de Jan Kounen, Capitaine X, est une succession de plans-séquences en vues subjectives du point de vue d’un prisonnier torturé par des mercenaires dans un univers post-apocalyptique. Le film restera inachevé.
Le Dernier Chaperon rouge, objet de notre étude, quatrième et dernier court métrage écrit et réalisé par Jan Kounen, se place clairement dans la lignée de ses œuvres précédentes. On y retrouve l’idée-concept comme point de départ (faire un film d’horreur qui soit en même temps une comédie musicale et une adaptation de conte), une recherche esthétique très poussée, ainsi qu’une kyrielle de références aussi bien visuelles que narratives comme nous allons le voir au fil de ce mémoire. L’après Chaperon rouge aura vu naître en 1997 le premier long métrage de Jan Kounen, le western urbain déjanté, Dobermann, très controversé à sa sortie pour sa violence jugée trop gratuite, puis en 2004, le western fantastico-chamanique, Blueberry, librement adapté de la BD de Guy Charlier et Jean Giraud-Moebius, qui a également fait couler beaucoup d’encre. Une chose est certaine, Jan Kounen aime provoquer et prendre son public à contre pied, en témoigne ses deux dernières œuvres, les inclassables documentaires Other Worlds et Darshan.
--------------- Notes ------------------
[1] Liste des œuvres filmiques réalisées par Jan Kounen citées dans le mémoire en Annexe 5.
[2] Voir la définition du terme dans le glossaire.
[3] "La BD permet des choses extrêmes parce qu’elle est considérée comme une sous-culture. Tant mieux. Au cinéma, on n’a pas ce droit. Moi, je revendique d’être dans la "sous-culture" : j’ai fait un film qui existe déjà en bande dessinée [NDLR : Vibroboy]. Je lis des truc complètement destroy, de Vuillemin aux mangas… Et je me dis « Pourquoi je ne vois pas ça en film, putain ! » Parce que le cinéma est considéré comme un art noble. C’est un miracle que Dobermann existe.", Jan KOUNEN, Première n° 244 - juillet 1997, Hachette Philipacchi, p. 53.
[4] Voir la définition du terme dans le glossaire.
[5] Voir la définition des termes trash, série Z et scope dans le glossaire.
------------------------------------------------------------------------------
- PDF contenant le plan du mémoire et le début d'introduction
- PDF contenant les annexes de ce début d'introduction
- PDF du glossaire
C’est dans le cadre de sa formation à l’E.P.I.A.R., l’école des arts décoratifs de Nice, que Jan Kounen prend contact avec le médium filmique. Féru de bande dessinée (principalement de Moebius, Corben et Bilal), de dessins animés et de graphisme, il se passionne rapidement pour la composition de cadres[2] à l’esthétisme très fouillé, testant toutes les techniques cinématographiques imaginables. Se revendiquant clairement comme appartenant à ce qu’il appelle la "sous-culture"[3] - comme ses compatriotes éclos avec lui dans les années 90 -, nourri par le cinéma américain des années 70-80, n’hésitant pas à réaliser des clips musicaux et des spots publicitaires à tour de bras, Jan Kounen mélange allègrement toutes ces influences esthétiques et narratives, laissant apparaître peu à peu un style très graphique à la fois nerveux et planant.
Son premier court métrage professionnel, Gisèle Kérozène, réalisé en pixilation[4] et mettant en scène des sorcières travesties gore, remporte le Grand Prix du court métrage au festival du film fantastique d’Avoriaz en 1989. Deux ans plus tard débute l’aventure Vibroboy. Le principe de ce deuxième court-métrage: faire un film trash de série Z en pellicule, en scope[5] et avec des moyens techniques très élaborés, là où généralement les réalisateurs se contentent de tourner en vidéo en un laps de temps réduit. Sur-vitaminé, outrancier au possible, bourré de références au cinéma américain, le film nécessitera près de trois ans de tournage et obtiendra en 1993 le Prix de la recherche au festival de Clermont-Ferrand. Toujours adepte des expérimentations techniques et des films-concepts, le troisième court-métrage de Jan Kounen, Capitaine X, est une succession de plans-séquences en vues subjectives du point de vue d’un prisonnier torturé par des mercenaires dans un univers post-apocalyptique. Le film restera inachevé.
Le Dernier Chaperon rouge, objet de notre étude, quatrième et dernier court métrage écrit et réalisé par Jan Kounen, se place clairement dans la lignée de ses œuvres précédentes. On y retrouve l’idée-concept comme point de départ (faire un film d’horreur qui soit en même temps une comédie musicale et une adaptation de conte), une recherche esthétique très poussée, ainsi qu’une kyrielle de références aussi bien visuelles que narratives comme nous allons le voir au fil de ce mémoire. L’après Chaperon rouge aura vu naître en 1997 le premier long métrage de Jan Kounen, le western urbain déjanté, Dobermann, très controversé à sa sortie pour sa violence jugée trop gratuite, puis en 2004, le western fantastico-chamanique, Blueberry, librement adapté de la BD de Guy Charlier et Jean Giraud-Moebius, qui a également fait couler beaucoup d’encre. Une chose est certaine, Jan Kounen aime provoquer et prendre son public à contre pied, en témoigne ses deux dernières œuvres, les inclassables documentaires Other Worlds et Darshan.
--------------- Notes ------------------
[1] Liste des œuvres filmiques réalisées par Jan Kounen citées dans le mémoire en Annexe 5.
[2] Voir la définition du terme dans le glossaire.
[3] "La BD permet des choses extrêmes parce qu’elle est considérée comme une sous-culture. Tant mieux. Au cinéma, on n’a pas ce droit. Moi, je revendique d’être dans la "sous-culture" : j’ai fait un film qui existe déjà en bande dessinée [NDLR : Vibroboy]. Je lis des truc complètement destroy, de Vuillemin aux mangas… Et je me dis « Pourquoi je ne vois pas ça en film, putain ! » Parce que le cinéma est considéré comme un art noble. C’est un miracle que Dobermann existe.", Jan KOUNEN, Première n° 244 - juillet 1997, Hachette Philipacchi, p. 53.
[4] Voir la définition du terme dans le glossaire.
[5] Voir la définition des termes trash, série Z et scope dans le glossaire.
------------------------------------------------------------------------------
- PDF contenant le plan du mémoire et le début d'introduction
- PDF contenant les annexes de ce début d'introduction
- PDF du glossaire
0 commentaires:
Laissez un commentaire