[Film] Batman (1989)
A suivre… Tim Burton
USA, 1989
Catégorie: Film avec de la danse
Réalisation: Tim Burton
Chorégraphie: Eddie Stacey (stunt coordinator)
Avec: Michael Keaton, Jack Nicholson, Kim Basinger, Robert Wuhl, Michael Gough, Pat Hingle, Billy Dee Williams
Lorsque Jack Napier deviant Le Joker et terrorise Gotham City à coup d'armes chimiques, c'est l'heure pour le Vigilente chauve-souris de faire son apparition. Parallèlement, en tant que Bruce Wayne, il se lie à la photographe Vicki Vale.
Avec ce troisième film Tim Burton signait ce qui pour moi était le seul bon Batman avant le reboot de la franchise par Christopher Nolan. Pas encore complètement baroque comme peut l’être Le défis, mais pas non plus grand guignol à côté de la plaque comme l’ont pu l’être les deux Schumacher par la suite. Un parfait dosage de noirceur et loufoquerie à la sauce Burton. Certes avec le temps le personnage de Vicki Vale, que je trouvais si attirant, m’est devenu assez antipathique, principalement à cause de ses cris récurrents. Mais il restera toujours cette réalisation très efficace, un Jack Nicholson parfait en Joker bouffon et surtout un réel discours sur l’art en général que je trouve fort intéressant. Ce film est même pour moi la pierre d’angle de cette thématique dans la filmographie du réalisateur.
Des sculptures de Madame Deetz aux lampes magiques de Sleepy Hollow, en passant par les talents de styliste de Selina, les films d'Ed Wood ou la musique de Grandma Florence Norris, les œuvres d'art chez Tim Burton sont tour à tour un moyen d'expression révélant l'identité profonde des actants, une arme de destruction massive, ou un objet trop conventionnel qu'il faut s'empresser de transformer voire même d'éliminer. "Premier artiste assassin au monde en parfait état de marche", le Joker catalyse en son seul personnage toutes ces pistes lancées par le réalisateur. Point d'orgue de cette thématique, son entrée dans le musée de Gotham City, décortiquée un peu plus en détails ci-dessous...
Note:
La danse dans le film
Comme dit dans l’analyse générale sur la danse dans les films de Burton, Batman n’est certes pas une comédie musicale, mais s’inspire de leur structure au travers du personnage du Joker (encore lui). L’énergumène ne se déplace pas sans musique ni sans dandinements, et quand son homme de main préposé à la boombox n’est pas présent Danny Elfman s’est fait plaisir à nous concocter des valses et autres musiques dansantes de la sorte. Bien sûr toutes les scènes du Joker ne sont pas dansées (il n’y en a réellement qu’une en fin de compte, la toute dernière), mais toutes sont chorégraphiées, mises en rythme par ces musiques qui l’accompagne.
A suivre donc toutes ces scènes musicales, pour illustrer cette idée de structure façon comédie musicale, le tout accompagné de quelques commentaires lorsque nécessaire.
1.
2.
Première occurrence dans la filmographie du réalisateur de ce que j’appelle "La valse burtonienne" (oui j’invente mes propres concepts): tourbillonnement les bras ouvert pour signifier un sentiment heureux le tout exécuté en solo sur un fond texturé (ici des découpes de photos, plus tard de la neige de glace, des pétales volantes, des rayons de lune, des loupiottes, des papillons colorés…)
3.
4.
[Paragraphe écrit dans le cadre du Dossier Tim Burton pour FilmDeCulte.]
Ecran noir qui se scinde en deux pour laisser apparaître le hall d'une galerie de peintures où toute forme de vie semble éradiquée. Contre champ sur le maître de ces lieux qui s'empare de l'espace d'un simple regard. Musique omniprésente, danse clownesque pour évoluer entre les tableaux, les sculptures et les recoins d'architecture travaillée, Burton convoque tous les arts pour mieux les pointer du doigt et les déconstruire. Détourner, déformer, saccager toutes les représentations du classicisme et de l'institution pour créer son propre art. Statuts égyptiennes, grecques, toiles de maîtres européens comme Degas ou Vermeer, peintures dites d'histoire typées fin 18ème, 19ème siècle représentant l'indépendance des Etats-Unis et les pères fondateurs que sont Jefferson et Washington, tout passe à la moulinette Joker. Une esthétique en mouvement dans les tons de mauve, rouge et vert qu'il s'applique à signer d'un "The Joker was here". Seuls éléments échappant au carnage, les œuvres incluant la déconstruction dans leur thème même. Une idée qui sera prolongée plus tard lors du dialogue entre le Joker et Vicki Vale, avec l'allusion à Picasso comme maître de référence et la sélection des photos de guerre prises par la jeune femme.
5 & 6
7.
8.
La seule réelle scène de danse du film. Si au niveau de l’écriture elle n’a rien d’exceptionnel, elle permet à Tim Burton de jouer sur deux tableaux. Le réalisateur brouille les frontières de l’art chorégraphique pour le cinéma en mettant en parallèle les duos Vicki/Joker et Batman/hommes de main. Au son d’une valse tonitruante, le tourbillonnement au clair de lune devient un affrontement, la lutte à mains nues se transforme en réel pas de deux. Une fois de plus Burton s’amuse avec les codes de la comédie musicale ou quand ma musique influe sur notre perception du mouvement. De plus il revisite ici la scène du mariage entre "la belle et la bête" qu’il avait déjà exploré au même moment du métrage dans Beetle Juice et qu’il développera plus profondément dans la suite de sa filmographie.
3 commentaires:
Héhé c'est vrai qu'on la retrouve souvent la "valse burtonienne" !
Et tu sais que depuis ce film (donc quand même depuis 20 ans) j'ai toujours une petite appréhension au moment d'utiliser plusieurs produits de beauté/coiffure ;op
Sinon je l'ai pas revu depuis le dossier FDC où j'étais à 3-4/6, trop clownesque voire "classique" pour moi et Vicki Vale n'est pas son personnage féminin le plus intéressant, loin de là.
Blythe > Oui ça m'avait vraiment marqué en faisant le dossier. Même Ed Wood fini son solo burlesque les bras écartés!
Et pareil quand j'utilise de la laque, je me dis "et si ça me transforme en Joker" presque à chaque fois... Hum.
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