mercredi 3 mars 2010

[Film] Nine (2010)

Catégorie: Comédie musicale
Réalisation: Rob Marshall
Chorégraphie: John DeLuca et Rob Marshall
Avec: Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard, Penélope Cruz, Judi Dench, Nicole Kidman, Kate Hudson, Sophia Loren, Fergie


A l’aube de la cinquantaine, le célèbre réalisateur italien Guido Contini est en pleine crise créative. Alors qu’il essaye d’écrire le script de son nouveau film, Italia, dont la date du tournage approche à grand pas, son imaginaire se trouve confronter aux différentes femmes qui ont une influence sur sa vie, sa carrière: sa mère, sa femme, sa maîtresse, son actrice principale, sa confidente et costumière, la prostitué de son village, une journaliste de mode.
Pitch écrit pour FilmDeCulte



Quand je me suis retrouvée face à l’écriture de cette critique pour FilmDeCulte, j’étais bien en peine. Le film m’a déçue, mais je n’arrivais (et n’arrive toujours pas vraiment) à expliquer pourquoi. Il n’est pas mauvais, il est juste raté. Tous les choix de Rob Marshall semblent tomber à plat. La voix off, les transitions, la location des scènes musicales… Etrange, très étrange. Et pourtant j’avais envie de l’aimer ce film, je l’ai assez dit ici. Mais force est de le reconnaître, il fait flop.



Ma critique sur FilmDeCulte


"BE ON YOUR ON"

On l’attendait avec impatience cette nouvelle comédie musicale signée Rob Marshall, adaptée du célèbre show de Broadway Nine - récompensé de cinq Tony Awards en 1982 puis deux autres en 2003 lors de son revival – lui-même inspiré du film de Federico Fellini 8 ½. Bardée d’un casting cinq étoiles comme l’avait été Chicago, elle s’était placée dès l’annonce du projet comme LE concurrent incontournable des Oscars 2010. Pourtant le film n’écope que de quatre nominations pour la plupart techniques. Si la photo est superbe, si les acteurs sont à la hauteur - particulièrement Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard et Penélope Cruz, qui méritent amplement leurs nominations aux Golden Globes -, si les chansons sont plutôt sympathiques, quelque chose cloche. Pris indépendamment, chacun des éléments fonctionne, certains instants sont même remarquables (Be Italian par Fergie, Take it all par Marion Cotillard ou encore la présentation du personnage de Guido) et valent à eux seuls le détour, mais quand on combine le tout, il y a comme un arrière-goût de ratage. Comme si Rob Marshall avait eu de (très) bonnes idées mais n’avait pas su comment les agencer.


WHY, OH WHY?

Pourquoi avoir transporté toutes les scènes musicales des femmes de la vie de Guido dans un décor de plateau de cinéma alors que la plupart d’entre elles auraient pu fonctionner, voire même être bien plus intéressantes, dans leur lieu initial (notamment la scène de la plage avec Fergie et celle de la fontaine avec Nicole Kidman)? Ce concept, typique de Bob Fosse (Nine rappelle d’ailleurs à plusieurs reprises la deuxième moitié de Que le spectacle commence), se justifiait parfaitement dans Chicago puisque la représentation scénique, la poudre aux yeux et l’envie constante de Roxie de devenir star de cabaret, étaient le sujet même du film. Ici Rob Marshall donne l’impression d’avoir simplement copié le principe sans se demander pourquoi, et surtout comment, l’appliquer à Nine. On peut arguer qu’à la manière de Roxie, Guido imagine sa vie comme une œuvre cinématographique, mais alors pourquoi avoir choisi un décor statique qui évoque plus la représentation scénique que le septième art? Si l’on repense à Chantons sous la pluie, qui s’amuse également avec l’image du plateau de cinéma, l’utilisation qui en est faite fonctionnait car beaucoup plus cinétique, laissant le décor s’animer. Il y a chez Donen et Kelly une idée du mouvement dans l’image même qui se perd chez Marshall, faisant tomber l’idée à plat.

Il en va de même si l’on rentre dans les détails. Incompréhension totale devant la vulgarité crasse de la scène musicale du personnage de Penélope Cruz, A Call from the Vatican. Elle nous est certes montrée à travers l’imaginaire de Guido, qui ne considère sa maîtresse que comme un objet sexuel, mais il y a des façons plus heureuses de faire passer l’idée que de montrer en gros plan dans une lumière crue des jambes qui s’écartent et une bouche beuglante. Incompréhension également devant le vocabulaire chorégraphique utilisé pour la séquence de Kate Hudson, Cinema Italiano. Si la scène en elle-même est très sympathique grâce à son énergie, sa structure et l’interprétation des danseurs, bon nombre de mouvements sont eux complètement anachroniques, et clashent avec l’esthétique 60’s véhiculée par les costumes. Incompréhension enfin devant ce final qui prend de l’ampleur, se construit en beauté vers un climax qui n’arrive jamais, nous privant d’une scène qui s’annonçait être parmi les plus jubilatoires du film. Un final riche, bourré d’idées qui, à l’instar du film, retombe comme un soufflet.



Note:
note sur 6



La danse dans le film

Il y a dans le film douze scènes musicales dont quatre ne contiennent aucun pas de danse. J’ai quand même détaillé trois d’entre elles car elles font partite de l’articulation du film, et me permettent d’argumenter sur le problème de transitions et de changement de lieu comme évoqué plus haut. Bref, elles me permettent de me plaindre, très important donc!

Mis à part les scènes d’ouverture et clôture, ces séquences sont exclusivement de solos chantés par chacun des personnages principaux. Deux solos pour Guido et sa femme et un pour chacune des autres muses. Il y a bien sur dans certains cas des background danseurs/chanteurs (les scènes de Judi Dench, Fergie ou Kate Hudson), et Guido apparaît comme spectateur dans quelques uns de ces morceaux mais nous n’avons droit en aucun cas à des duos ou chorégraphies de groupes mélangeant nos têtes d’affiche (à l’exception de la première scène donc). De fait tous ces numéros manquent un peu de variété, donnant une impression d’accumulation de vignettes stars fonctionnant sur le même principe.

Ceci étant dit il y a dans l’ensemble du bon, voir même du très bon.


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Scène 1: Overture Delle Donne - Ensemble

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Une première scène musicale qui introduit les sept femmes de la vie de Guido. Rien de passionnant au niveau de la chorégraphie puisqu’il ne s’agit que de mini extraits des chorégraphies que nous verrons plus tard agencés bouts à bouts, de façon assez convaincante je dois dire. Le tout reste quand même plutôt intéressant au niveau de la mise en scène et surtout se place comme une bien jolie introduction. Par contre je n’aime pas trop la transition qui emmène à cette scène musicale. J’aurais aimé par exemple que la première cloche au début tombe au moment où Guido craque son allumette.


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Scène 2: Guido’s Song - Daniel Day-Lewis

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Pris en embuscade dans une conférence de presse à laquelle il veut échapper coute que coute, Guido entame son thème principal. Voilà le premier exemple de relocalisation ratée, le premier exemple de scène sympa qui dans la globalité du film tombe à plat. En elle-même la partie musicale (celle qui a lieu dans le décor de cinéma en construction) est plutôt intéressante avec un joli jeu sur les lumières, et un Guido qui se démène dans les échafaudages, comme empêtré dans ce film trop pesant. Si cette idée d’analogie entre le set et le film lui-même fait ici sens, la transition entre la salle de conférence et le plateau est assez mal amenée. D’autant que quelques minutes plus tôt Guido était justement là à Cinecitta. Pourquoi ne pas avoir fait la conférence de presse sur place, ou dans un lieu plus proche du studio, permettant ainsi une transition directe, defacto? Pourquoi nous donner à voir un Guido qui chante "mentalement", alors que sa chanson pouvait très bien s’adresser à tous ces journalistes qui l’assaillent de questions? Pour moi il y a ici quelque chose qui cloche.
Sur une autre note la fin de cette scène me fait penser à la construction du Cell Block Tango, avec ces back up dancers dans des niches en contre jour en hauteur et le personnage principal qui se démène en bas.


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Scène 3: A Call from the Vatican - Penélope Cruz

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Je trouve cette séquence ultra vulgaire. Comme dit plus haut dans la critique, bien sûr la façon de se comporter de Carla est un pur fantasme de la part de Guido, mais pour moi cette chorégraphie n'est absolument pas sexy et la réalisation qui accumule les cuts en gros plans complètement ratée. Cette scène est certainement celle que j’aime le moins, alors que pourtant la prestation de Penélope Cruz m'a plutôt positivement étonnée dans ce film.


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Scène 4: Folies Bergères - Judi Dench

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Ici on est dans le souvenir et à la fois projection de Lili la confidente de Guido avec une représentation façon revue parisienne. La chorégraphie de plumes est bien pensée avec une jolie prestationde Judi Dench. D’autre part pour une fois (peut-être même la seule d’ailleurs, si l’on excepte les scènes d’introduction et de clôture du film) l’utilisation du plateau de cinéma comme décors est plutôt bien amenée grâce au dialogue qui précède (Lili suggère à Guido de faire une scène musicale dans son film) et à la prise de vue de la maquette du décor, façon salle de cabaret, qui suit.


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Scène 5: Be Italian - Fergie

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La meilleure chorégraphie du film, la plus recherchée et inventive. Nous avons droit ici à une très bonne utilisation des accessoires, que ce soit des chaises, des tambourins ou du sable et une bien belle écriture sur cette musique qui prend de l’ampleur au fur et à mesure que la scène avance. Vraiment bien en soit. Mais la réalisation se montre assez brouillonne avec quelques plans complètement ratés, et une fois de plus un gros problème au niveau de la relocalisation. L’utilisation du plateau de cinéma ne fait ici à mon avis absolument aucun sens (d’autant plus que le retour au présent ne se fait pas tout de suite une fois la scène finie). Je trouve que la scène aurait été encore plus audacieuse si elle avait été faite sur la plage même.


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Scène 6: My Husband makes movies - Marion Cotillard

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Pas de danse dans cette scène, mais je crois que c’est en la revoyant que j’arrive enfin à mettre le doigt sur ce qui me gène dans ce film... On dirait que Rob Marshall a un peu honte de faire une comédie musicale. Comme si il essayait en permanence de justifier ou de légitimer le fait que les gens se mettent d’un seul coup à chanter. Comme si il fallait qu’il les place dans un décors artificiel parce que vous comprenez, ça n’arrive pas dans la réalité ce genre de chose. C’est assez frappant dans cette scène où il va jusqu’à mettre sur le plateau de cinéma la table est les invités du restaurant. Pourquoi changer de lieu pour la chanson? Un choix encore plus incompréhensible que dans les autres scène, d’autant plus qu’ici il n’y a pas de chorégraphie qui nécessite de l’espace ou un décor particulier, elle chante juste en regardant son mari…
Ceci étant dit, j’aime beaucoup cette chanson, je trouve Marion très bien dans ce film, et je ne m’attendais pas à ce qu’elle chante aussi bien.


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Scène 7: Cinema Italiano - Kate Hudson

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J’aime beaucoup cette séquence hors contexte, pour son énergie et les costumes. Je la trouve vraiment très sympa et bien interprétée par Kate Hudson. Par contre, comme dit dans la critique plus haut, je trouve le langage chorégraphique utilisé ici trop pop pour une scène qui se passe au début des années 60. Bien sûr c’est inspiré du style des Go-Go dancers qui est effectivement né à New York à cette époque (mini jupes, paillettes, rangées de franges et bottes à talon) et l’idée était plutôt bien trouvée pour représenter cette journaliste de mode américaine ultra hype. Mais le Go-Go dancing à ce moment là était certes énergique mais plus statique dans l’espace, moins sautillant, inspiré du twist (vous me direz faire une chorégraphie dans ce style là aurait été un challenge pour que ce ne soit pas ennuyeux à regarder). Là par moment ça fait plus du Go-Go dancing des années 70 voir 80 pour certains mouvements.


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Scène 8: Guarda la Luna - Sophia Loren

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Une simple petite valse entre Guido et sa mère. Je trouve cette scène complètement inutile aussi bien dans ce qu’elle raconte que dans sa mise en scène. Sans parler de Sophia Loren qui a quand même pris un sacré coup de vieux. Après évidemment c'est joli, les bougies, le noir et blanc... mais ça s'arrête là.

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Scène 9: Unusual Way - Nicole Kidman

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Deuxième scène ne contenant pas de danse, et elle possède pour moi exactement le même problème que My husband makes movies. Son idée de mise en scène alternant le plateau de cinéma qui reproduit exactement cette balade dans une ruelle puis autour d’une fontaine, reste une vraie énigme. Je ne comprends par pourquoi ce choix, autre que comme dit plus haut une sorte de façon de se dédouaner de faire chanter ses acteurs.


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Scène 10: Take it all - Marion Cotillard

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Ma scène préférée du film assurément. J’adore la chorégraphie, la mise en scène, le costume, le côté burlesque et en même temps la rage, le jeu et la voix de Marion Cotillard. Par contre je trouve dommage qu’elle soit entrecoupée de ces petits bouts de monologues et je ne comprends pas l’utilisation du noir et blanc (qui certes colle très bien à la scène esthétiquement parlant, elle est peut-être là la seule explication) qui était jusque là réservé aux flash-backs/souvenirs alors que cette scène se situe dans le présent.


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Scène 11: I can’t make this movie - Daniel Day-Lewis

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Troisième scène sans danse à proprement parlé même si elle reste quand même plus mouvementée que les deux autres. Pas grand-chose à dire ici au final, à part que pour moi il s'agit de la moins bonne chanson du film.


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Je ne vais pas m’attarder sur le final qui ne contient pas de chorégraphie, ni de paroles. Juste de la musique qui monte, monte, monte, et retombe bêtement sans que rien ne se passe réellement.

Par contre au niveau de la danse je trouve le générique de fin assez intéressant. Il alterne des scènes de répétitions en noir et blanc et leur rendu dans le film. Très sympa.

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