mercredi 9 juillet 2008

Les hommes préfèrent les blondes (1954)

Aujourd’hui ressort sur les écrans français la comédie musicale ultra culte Les hommes préfèrent les blondes l’occasion pour moi de sortir du placard et de dépoussiérer la critique que j’avais écrite pour FilmDeCulte il y a quelques années…


Les hommes préfèrent les blondes
(Gentlemen prefer blondes)
Etats-Unis, 1954
Réalisation: Howard Hawks
Chorégraphie: Jack Cole

Il n'existe pas au monde plus de contradiction qu'entre les deux danseuses de revue Lorelei Lee et Dorothy Show. La première, blonde naïve, n'est intéressée que par les hommes riches et le mot "diamant", la deuxième, brune à la répartie bien aiguisée, tombe toujours amoureuse de "clochards" comme elle le dit si bien. Décidée à partir en France aux frais de son richissime futur époux, Gus Esmond, Lorelei s'embarque à bord d’une croisière avec Dorothy comme chaperon, toutes deux surveillées de près par un détective privé engagé par Gus.


THERE’S NO BUSINESS LIKE SHOWBUSINESS

A la fin de la deuxième guerre mondiale, la Fox développe une politique de production misant le tout sur la plastique de ses actrices, blondes de préférence. Ainsi elle a très tôt pris sous contrat bon nombre de jeunes filles aux formes avantageuses et achète tous les scénarios pouvant les mettre en avant. L’adaptation sous forme de comédie musicale du livre culte de Anita Loos (écrit en 1925 et déjà adapté en muet en 1928) qui arrive sur les bureaux des producteurs à la fin de l’année 1952 correspond parfaitement à ces critères. La Fox saute sur l’occasion et n’a plus alors qu’à piocher dans ses réserves pour trouver la brune et la blonde. En janvier 1953, Marilyn est à l'affiche du très remarqué Niagara, qui pulvérise immédiatement tous les records. Bien que la qualité du film laisse quelques fois à désirer, Marilyn y interprète quelques unes de ses meilleures scènes, et le rôle de Rose Loomis (une femme perverse et psychopathe à l'érotisme fumant, symbole sexuel par excellence) lui rapporte le prix Redbook du meilleur espoir. Marilyn est au sommet du box-office lorsque La Fox la place dans le casting de sa nouvelle production. Pour faire le pendant de la blonde rêveuse aux jolies fesses, la firme jette son dévolu sur une brune terre à terre à jolie poitrine, aussi célèbre que la première, Jane Russell. Devenue vedette internationale pour son opulente poitrine à la suite de la campagne publicitaire de son premier film The Outlaw (1941) qui fut censuré dès sa sortie, elle a la notoriété adéquate pour former un duo de choc avec Marilyn.

un extrait de Niagara


Un extrait de The Outlaw



DEVIL IN DISGUISE

Si l’on aurait pu croire à une stratégie de la Fox de faire revenir Marilyn aux rôles de la blonde idiote qui avaient marqués les débuts de sa carrière. Forte de sa nouvelle renommée et soutenue, voire même encouragée, par sa consœur de tournage, elle prend le personnage au pied de la lettre avec beaucoup d'aplomb et le transcende en ajoutant ses rires, ses clins d'œils et quelques répliques de son cru dont la meilleure reste: "Je peux faire preuve d'intelligence quand c'est important, mais la plupart des hommes n'aiment pas ça". Il en ressort une Lorelei complètement différente de la pièce d'origine d'Anita Loos, la transformant presque en leader féministe. Jane Russell n'y est pas pour rien dans cette histoire, elle dénonce à travers son personnage le machisme ambiant de l'époque et en profite pour enfin se montrer sur grand écran et prouver ainsi à tous ces admirateurs qu'elle est non seulement belle (et à forte poitrine), mais qu'elle sait aussi excellemment jouer la comédie, chanter et danser. Sans que Hawks n'y prenne garde, son film s'est transformé en une sorte de manifeste féministe d'avant-garde avec des personnages principaux féminins à forts caractères et des seconds rôles masculins qui se laissent embobiner sans rien dire, le summum étant la scène où le détective privé fini en nuisette dans le couloir du bateau.



THAT’S ENTERTAINMENT

Un des grands atouts de Les Hommes préfèrent les blondes réside dans son montage. Les scènes musicales y sont agencées de telle sorte que chacune ressort. Le générique tout d'abord nous met en bouche avec Lorelei et Dorothy chantant Two Little Girls from Little Rock dans des magnifiques fourreaux rouges à paillettes, fendus jusqu'à mi-cuisse (tenues qui seront les plus utilisées pour les photos de promotion). Une ouverture qui en met plein la vue et qui annonce un développement plutôt "chaud/show". Après une brève mise en place de la situation, le départ du bateau permet d'enchaîner directement sur le très célèbre Bye Bye Baby qui va d'un solo très enlevé de Jane Russel à un solo très langoureux de Marilyn, en passant par des scènes de groupes très sympathiques et rythmées. Une scène qui reflète la structure du film, une façon de dire aux spectateurs "Accrochez vos ceintures, on démarre et vous n'allez pas être déçus!". Le bateau démarre donc et c'est Dorothy qui commence aussitôt avec son solo Is There Anyone Here for Love? Zizagant au milieux d'athlètes hypra musclés et dénués de tout attrait physique, elle pétille d'insolence et installe parfaitement le côté anti-machiste de son personnage.

Two Little Girls from Little Rock


Bye Bye Baby


Le choix de Hawks de ne pas faire de scènes musicales au cours de la traversée est plutôt intéressant, laissant ainsi plus de place à l'intrigue (phénomène assez rare dans une comédie musicale de l'époque) et à la comédie. Cette pause permet également de faire ressortir le numéro suivant, où l'on retrouve les deux jeunes femmes sans le sous à la terrasse d'un café parisien, chantant pour les badauds When Love Goes Wrong, Nothing Goes Right. Cette scène qui démarre comme une lamentation devient vite une chorégraphie pleine d'entrain qui rappelle une des scènes de Un Américain à Paris (1951). Nos deux charmantes demoiselles ainsi re-motivées se retrouvent sur les planches d'un grand musical parisien. Un rapide tour dans les coulisses nous apprend que le numéro qui va suivre est à couper le souffle, et Marilyn démarre le solo du film. La scène est répétée toute la nuit avec Jack Cole, tournée onze fois de suite et enregistrée directement avec l'orchestre à la demande de Marilyn, et le résultat est là. Elle maîtrise la scène à merveille et brille de mille feux, offrant des images inoubliables (pour la petite histoire, c'est la scène que choisiront de diffuser toutes les chaînes de télé américaines le jour de sa mort). Moment inoubliable pour nous, mais également pour les personnages du film puisque dans la scène suivante, Dorothy voulant imiter Lorelei reprend cette chanson dans une version beaucoup plus musclée.

When Love Goes Wrong, Nothing Goes Right


Diamonds are a girl’s best friend





Vous avez aimé ce billet? Abonnez vous à mon flux RSS

2 commentaires:

Blythe a dit…

Fou comme ce film est bourré de plein de chansons que j'adore en fait ;op

Anonyme a dit…

Héhé pareil de mon côté. J'adore toutes les chantées ces chansons. J'aime par dessus tout l'accélération dans When love goes wrong.

Laissez un commentaire

suivant précédent home