[Film] Across the Universe (2007)
USA, 2007
Catégorie: Comédie musicale
Réalisation: Julie Taymor
Chorégraphie: Daniel Ezralow
Avec: Jim Sturgess, Evan Rachel Wood, Joe Anderson, Dana Fuchs, Martin Luther, T.V. Carpio
Une histoire d'amour dans les années 60, au coeur des manifestations anti-guerre, des voyages spirituels et du rock’n’roll, qui part des docks de Liverpool vers le psychédélique Greenwich Village, des émeutes de Détroit aux champs de bataille du Vietnam. Jude et Lucy sont plongés, avec des groupes d'amis et de musiciens, dans le tumulte des années anti-guerre et des révolutions culturelles, guidés par "Dr Robert" et "Mr Kite".
Voici une autre arlésienne dont je vous avez présenté la bande annonce il y a plus d’un an et que je regrettais fortement de ne pas avoir vu en 2007. Une autre arlésienne que j’ai donc enfin eu la chance de voir, une fois de plus grâce au festival World Cinema Showcase d’Auckland.
Par où commencer? Peut-être en disant que Across the Universe est certainement la meilleure comédie musicale de ces 10 (20? 30? 40? 50?) dernières années. Peut-être en disant que c’est un film d’une richesse incroyable, un mélange exquis de sensations, un tout artistique indissociable. Fidèle à elle-même, Julie Taymor accumule les idées graphiques et nous offre un festin visuel sans faute. Comme elle l’avait fait avec la peinture de Frida Kahlo, elle donne vie par tous les moyens mis à sa disposition à l’univers contenue dans les chansons des Beatles. On s’accroche aux personnages, à leurs étreintes renversantes, on bat la mesure du pied, on se laisse emporter par le tourbillon. We’re not in Kensas anymore. Across the Universe. On en ressort lessivé, ému.
Note:
La danse dans le film
Avant d’isoler les 12 instants dansés que l'on trouve dans le film, plusieurs remarques, ou du moins une dont découlent les autres.
Les chorégraphies sont parties intégrantes de l’esthétique du film, de l’univers développé par Julie Taymor. Elles font parties de ce tout artistique dont je parlais plus haut au même titre que la musique des Beatles ou que les idées plastiques de la réalisatrice. Ainsi elles ne sont jamais des habillages luxueux de chansons ou simplement là pour remplir un quota, qu’elles soient interprétées par les personnages principaux ou non. De fait elles se trouvent finement intégrées à l’ensemble, parfois presque imperceptibles ne durant que quelques secondes.
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Montage en parallèle de la prom night de Lucy et de la soirée de départ de Jude. De quelques dandinements a deux sur chacun des continents, la chorégraphie du bal de promo se transforme en danse de groupe de 9 secondes (a partir de 1:00) typiquement 60’s qui aurait eu sa place dans un Hairspray. Un instant timbre poste qui donne juste le temps de cerner et de mettre en perspective le background des deux personnages.
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Plusieurs points intéressants dans cette séquence. Tout d’abord elle s’ouvre sur une fausse piste. De gros plans sur des jambes et bras de pompon girls en mouvement qui pourrait laisser entendre que le cheerleading constituera le gros de la chorégraphie, elle glisse peu à peu vers un entrainement de football américain filmé au ralenti. Une fausse piste dans le travail chorégraphique qui sert de miroir a la révélation (par un jeu de cadrage) sur l’orientation sexuelle de Prudence. D’autre part le ralentis permets de rendre encore plus chorégraphiques les mouvements sportifs des différents footballers.
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Quelques secondes de chahutage. Juste de quoi, une fois de plus, présenter les personnages.
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Comme dans I want to hold your hand Julie Taymor transforme un entraînement sportif en instant chorégraphique. Cette fois-ci il s’agit de basket féminin. Rien de réellement novateur cependant là dedans, le parallèle avait déjà été vu dans Honey ou dans High School Muisical. Ceci dit coup de cœur personnel pour le long "Yeah" qui raisonne une seconde avant la sonnerie de fin de classe.
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Première séquence colorée en accord avec l’ambiance bowling qui introduit l’idée du tapis roulant que l’on retrouvera dans I want you et Happiness is a warm gun. Une fois de plus la chorégraphie est construite en miroir à l’intrigue développée dans la séquence. Alors que Max incite Jude à partir s’installer à New York avec lui, la chorégraphie annonce déjà l’esthétique qu’elle adoptera dans la grosse pomme. Gros coups de cœur personnel pour les sauts au dessus des tables.
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Bruits d’essuies glace comme transition, cette séquence contient ce que je considère comme la quintessence de l’utilisation de la danse dans une comédie musicale. Quand les pas de la vie courante se transforment subrepticement en pas de danse, l’air de rien, il y a comme de la magie qui s’opère. 4 secondes au timing parfait entre 2:03 et 2:07 qui grandissent, grandissent pour donner certainement une des meilleures scènes de foule chorégraphiée. *oui, carrément!*. A noter également les petites chorégraphies aguicheuses des prostituées une grosse minute plus loin, parfaitement dosées.
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L’une des scènes certainement les plus marquantes du film de par ses idées de réalisation et son travail sur le corps. Découpés, morcelés, étalés sur des tapis roulants comme de la marchandise, ces corps lessivés se laissent manipuler comme des marionnettes de chiffons dans une chorégraphie de danse contemporaine parfaitement réglée et inventive.
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Il s’agit ici de la seule séquence dont la chorégraphie dure l’intégralité de la chanson. Elle est réalisée en motion graphic - qui rappelle a plusieurs reprises le superbe clip de Ali in the jungle - pour véhiculer un esprit cirque psychédélique. Contorsionnistes, danseurs masqués, êtres et animaux étranges, couleurs chatoyantes se mélangent autour d’Eddie Izzard, mélange parfait de Monsieur loyal et charlatant vendeur d’elixir.
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Séquence aquatique pour des corps flotants et tourbillonnants. Un moment tout simple qui colle parfaitement avec la chanson.
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La partie dansée se situe en fin de morceau et reprend les codes esthétiques du butô. Corps nus badigeonnés de blancs qui se contorsionnent dans l’urgence que véhicule la fin du morceau, avant de mourir, immobiles, seuls les visage hors de l’eau.
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Après le découpage et le collage, Julie Taymor utilise cette fois-ce le dédoublement. Ce n’est pas une Salma Hayek, mais 5 qui s’occupent de Max et ses compères de chambrée d’hôpital. 5 infirmières fantasmées, se déhanchant telles des stars du burlesque, munies de seringues lovie dovie stuff. Comme elle l’avait fait pour I’ve just seen a face et I wan you la réalisatrice fond la danse et les décors, joue avec la verticalité qu’ils permettent et laisse ses personnages s’imaginer une autre réalité. A noter l’apparition du chorégraphe Daniel Ezralow dans le rôle de Mother Superior.
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Pour cette dernière séquence contenant de la danse, Julie Taymor revient à la micro vignette chorégraphiée. De façon totalement inattendue la balade que l’on croyait scellée s’emballe et croise un instant de stomping sur un trottoir rappelant diablement du Billy Elliot.
4 commentaires:
ahlala, ça fait trop plaisir de revoir ces images et en plus de finir sur 'Hey Jude'. C'est fabuleusement mis en scène, dansé, chanté, joué, bref ce film est passé bien trop inaperçu. Il sort en dvd le 4 juin, un achat indispensable !
Je suis bien d'accord c'est tellement dommage que personne ne l'ai vu. Il est sortit dans si peu de salles en France!
Et je note la date de sortie DVD :)
Merci pour votre collaboration à cette belle analyse de ce film que j'espère pouvoir voir entièrement, one day...
Bonjour Christophe et bienvenue ici. Merci à vous pour votre gentil commentaire.
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