dimanche 15 avril 2007

[Définition] Comédie musicale: les codes spécifiques au genre

"Comédie musicale" est un terme assez vaste qui prête souvent à confusion. Si la tendance actuelle est d’utiliser cette terminologie pour définir tout film ou spectacle comportant des scènes musicales, ce genre est en réalité bien plus codé.

La première grande caractéristique de la comédie musicale se trouve dans son montage bien particulier d’alternance entre scènes dialoguées et instants musicaux (qu’ils soient chantés et/ou dansés). Ainsi, ne sont pas considérés comme appartenant à la comédie musicale les films chantés de bout en bout (Les Parapluies de Cherbourg, Evita) ou ne contenant qu’un ou deux morceaux musicaux (Alison Forever, Beetlejuice), même si ces séquences utilisent d’autres éléments caractéristiques du genre. Une comédie musicale joue sans cesse sur le rapport entre les différentes parcelles qui la composent, développant un réel art de la transition. L’élément servant de liant entre musical et non-musical prend généralement deux formes. S’il se base régulièrement sur un prétexte scénaristique - une représentation scénique (la plupart des séquences musicales de Cabaret, Hindi Sad Diamonds dans Moulin Rouge!), une façon de réconforter un ami (Make Them Laugh dans Chantons sous la pluie), la reprise en cœur d’une chanson populaire (Meet Me in Saint Louis dans Le Chant du Missouri), une fête (les mariages de De-Lovely ou Brigadoon, le bal de Noël de Tout le monde dit I love you), etc. – il est souvent bien plus subtil et travaillé. Ne cherchant pas à justifier la présence d’une scène musicale, il laisse les mouvements et la musique parler d’eux-mêmes. On retiendra par exemple la démarche déambulatoire de Fred Astaire et Cyd Charisse qui, au son d’un orchestre lointain jouant dans le Park, se transforme peu à peu en pas de deux romantique lors du Dancing in the Dark de Tous en scène.

De ce premier code de l’alternance, et donc du travail de la transition, découle le second élément caractéristique du genre: un rapport d’interdépendance entre les mouvements des personnages et leur environnement sonore. Contrairement aux scènes dialoguées dans lesquelles son et musique servent d’habillement, ou sont le résultat d’actions produites par les personnages, dans les scènes de comédie musicale, les éléments sonores prennent quelques instants les commandes, comme s'ils dirigeaient désormais les mouvements et les paroles des protagonistes. La musique, créatrice de l’action, naît des bruits de la vie courante (un coup de tonnerre déclenche la mélodie du pas de deux Lovely Day entre Ginger et Fred dans Le Danseur du dessus, les bruits de machinerie emportent Selma dans ses rêveries dans Dancer in the Dark), des paroles ou des sons émis par les acteurs (la répétition des phrases de l’orthophoniste donne la cadence de Moses Supposes dans Chantons sous la pluie, les onomatopées des détenues du muderer’s row rythment le Cellblock Tango de Chicago), les emportant dans des séquences remarquables de danse et/ou de chant. L’une des meilleures représentations de cette interaction son/mouvement reste certainement l’utilisation des claquettes: les pas produisent la rythmique musicale sur laquelle l’acteur danse, créant un cercle infini, proche parent de la poule et de son œuf. Ne jouant pas sur cette notion d’interaction, les adaptations d’opéras et leurs dérivés (Carmen, Madame Butterfly), ainsi que les films mettant en scène des chanteurs ou des danseurs (Walk the Line, Flashdance), ne sont pas considérés comme des comédies musicales.

Les scènes musicales qui résultent de cette alternance et laissent régulièrement à la musique le soin de diriger les mouvements, deviennent éléments moteurs indispensables, pivots autour desquels se nouent les intrigues, vertèbres s’emboîtant pour construire la colonne du film. Si la première séquence musicale du film est généralement celle qui en fixe l’enjeu (de Dorothy qui chante une contrée imaginaire au-delà de l’arc-en-ciel avant de se retrouver au pays d’Oz, aux parents d’élèves qui tremblent de frayeur devant les méfaits de la marijuana présentés par un film de propagande dans Reefer Madness), les suivantes servent à en coudre la trame. Certains diront que cette mise en scène récurrente de chorégraphies millimétrées et tours de chant parfaits, sortis d’on ne sait où et souvent interprétés en nombre comme par magie, touche à de la pure invraisemblance. Pourtant c’est bien du réel dont s’inspirent ces séquences; elles laissent transparaître à l’écran les émotions des personnages, leurs envies, leurs états d’âme. La comédie musicale a cette particularité de révéler au public, par le biais de cette conjonction artistique aux apparences irréelles, ce qui d’habitude reste caché ou nécessite de longs dialogues/monologues, des explications lourdes de sens, des lettres laissées au coin d’une table, ou une voix-off parfois maladroite. Danse et chant deviennent alors à la fois des catalyseurs de sentiments destinés à renseigner le spectateur et faire avancer l’intrigue, mais également des outils cathartiques intradiégétiques, défouloirs physiques et spirituels pour des personnages qui ne nient jamais avoir entonné quelques notes ou esquissé des pas de danse.


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Ce texte est extrait du dossier réalisé pour FilmDeCulte sur la comédie musicale hollywoodienne.





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2 commentaires:

Anonyme a dit…

qu'est-ce-que vous voule quon marque 1 défenition comme sa pour rendre 1 devoir

Anonyme a dit…

c clair ta raison anonymes meme pa sur 1 feuille on marque 1 truc comme sa va ou qwa ciao

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