lundi 26 février 2007

[Portrait] Philippe Decouflé - Biographie

A suivre… Philippe Decouflé



Alors qu’il s’imaginait Rock star ou dessinateur de BD, Philippe Decouflé, passionné de cinéma de science-fiction, de comédie-musicale, de dessin animé, et de tout ce qui touche à l’illusion, s’est fait chorégraphe interprète contre-nature. De sa première vocation il a gardé un goût certain pour les mises en scènes tape à l’œil, les publics réactifs et un rapport très organique avec la musique. De la deuxième est née sa propension à l’élaboration d’une danse graphique aux lignes précises et souples et sa recherche perpétuelle de mouvements impossibles comme ceux qu’exécutaient ses héros issus de chez Franquin ou Tex Avery. Des constantes dans son écriture chorégraphique qu’il a développées et nourries de ses diverses formations et rencontres avec le mime Isaac Alvarez, le magicien Edernac à l’école du cirque d’Annie Fratellini, Alwin Nikolaïs, Merce Cunningham, Karol Armitage, Régine Chopinot et le photographe Jean-Paul Goude.

C’est en 1982 que Philippe Decouflé met en scène sa première création chorégraphique professionnelle, Duo en compagnie de Michèle Prélonge, et sa première réalisation filmique, La Voix des légumes. Une première année à l’image de l’ensemble de sa carrière qui inscrira ses créations dans une alternance constante de pièces et films, ces deux supports faisant pour lui partit d’une même recherche artistique. Primé au concours de Bagnolet l’année suivante pour Vague Café, Philippe Decouflé rencontre son premier grand succès public en 1986 avec Codex. Engonçant ses interprètes les costumes contraignants et boursouflés de Philippe Guillotel, il s’inspire du Codex Serafinianus juxtaposant à la manière d’un montage filmique des tableaux suivant les chapitres de ce livre étrange. Codex devient un film l’année suivante puis se voit revisité et rallongé donnant Decodex en 1995 et Tricodex en 2004, mis en scène avec l’Opéra National de Lyon.


La voix des legumes




Codex






Decouflé fait son chemin dans diverses sphères internationales. Entre 1987 et 1989 il crée Tutti pour le Groupe de Recherche Chorégraphique de l’Opéra de Paris transformant les danseurs en instruments de musique, réalise et chorégraphie les vidéo-clips de True Faith et She Drives Me Crazy, met en scène La Marseillaise, défilé du bicentenaire de la Révolution, sous la direction de Jean-Paul Goude et réalise une publicité pour Polaroïd qui lui vaudra le Lyon d’or au festival de Venise en 1990. Cette même année, alors qu’il met en scène un hommage à l’art du cirque avec Triton on lui propose de réaliser les cérémonies des J.O. d’Albertville (1992). Dans des costumes hallucinants imaginés par Philippe Guillotel, six-cents danseurs évoluent dans le stade Olympique suspendus à des filins, se déplaçant en patins à roulettes, faisant réapparaître l’esprit ludique de jeux olympiques. La renommée du chorégraphe atteint celle de la rock-star planétaires de ses rêves d’enfants.

Philippe Decouflé, calme le jeu, installe sa Compagnie DCA dans la Chaufferie de Saint-Denis et met en scène Petites Pièces Montées remplie d’hurluberlus à mi-chemin entre des personnages de Georges Méliès et le Fred Astaire marchant au plafond de Mariage Royal. C’est dans ce cadre post-Albertville que Carlo de Boutiny, lui propose de participer au Dernier Chaperon rouge. Chorégraphe et interprète pour ce court métrage atypique ses danses cartoonesques s’accordent parfaitement avec le travail mis en œuvre par Jan Kounen. A la sortie du tournage, Philippe Decouflé réalise Le P’tit Bal, une court métrage musical dans lequel il retranscrit en langage des signes arrangé à sa façon, les paroles de C’était bien de Bourvil. Le film remportera de nombreuses récompenses aussi bien dans les festivals consacrés à la danse qu’aux courts métrages.


Le Dernier Chaperon rouge




Le P'tit Bal





Chorégraphe, interprète, réalisateur, Philippe Decouflé poursuit habilement une carrière sans faute. Mélangeant plus que jamais danse et cinéma il leur rend hommage en 1997-1998 en accouchant de trois œuvres remarquables se faisant échos tels un triptyque : la cérémonie d’ouverture du cinquantième Festival de Cannes, le film Abracadabra et la pièce Shazam!. Jouant sur le cadrage, le montage, et la valeur de plan il investit les scènes d’écrans sur lesquels se dédoublent les danseurs, les écrans d’espaces scéniques encadrant les acteurs. Decouflé atteint ici la quintessence de son art. Cette idée du dédoublement se retrouvera dans ses pièces suivantes jouant sur les ombres projetées : son tout premier solo - intitulé simplement Solo, rappelant ainsi sa première pièce, Duo – et sa dernière pièce, Iris, devenue 2 Iris en 2004 et un film en 2005.


Variation autour d'Iris





Vous avez aimé ce billet?

Abonnez vous à mon flux RSS
Votez chez

0 commentaires:

Laissez un commentaire

suivant précédent home